Chroniques de Lyenendil

- Un prologue de texte pondu lors des pauses midi au boulot, qui pourrait éventuellement donner plus... J'vous le balance à l'arrache ici pour recueillir quelques avis de gens connaissant 40k -


- Prologue.


Lyenendil avait suivi de nombreuses Voies au cours de sa vie : il avait été tantôt artiste,confectionnant bijoux et parures, également interprète, apprenant à connaître et à parler les langues des jeunes races, puis de nouveau créatif en façonnant la moelle spectrale au service du vaisseau-monde. Cette époque lui manquait, à présent. Son inconstance, et un certain ennui, le firent emprunter l'un des nombreux sentiers de la Voie du guerrier et il devint rapidement un scorpion, furtif et mortel. C'est suite à d'âpres combats menés contre les armées humaines, suivant les prédictions cosmiques des grands-prophètes, qu'il se retrouva malgré lui à arpenter la Voie de l'errant. Un mode de vie ne l'ayant, d'ailleurs, jamais attiré plus que par curiosité aux récits des équipages revenus après d'innombrables cycles.


La guerre avec les humains fut intense, mais très brève, pour ne pas dire minutée. L'assaut eldar n'avait pas en effet pour but d'écraser ce monde anonyme appartenant à l'Imperium de l'Humanité, mais de produire assez de bruit pour attirer des hordes de peaux-vertes relativement proches. Ainsi, les armées humaines de ce secteur ne pourraient jamais plus représenter une menace future pour le vaisseau-monde. Quant aux orks, ceux-ci se laisseraient alors emporter par leur élan guerrier, et leur stupidité, pour remonter la chaîne de planètes impériales ets'enliser ainsi dans des années interminables de guerre stérile.Les prophètes avaient ordonné le sacrifice d'un nombre incalculable de vies humaines et orks, et les autarques et exarques approuvèrent ce choix. Pour la survie de leur race.


Peu d'eldars périrent avant que l'improbable flotte ork ne fasse son apparition, puis tout l'ost regagna la Toile non sans avoir récupéré la quasi totalité de ses défunts. Certains durent être abandonnés dans la hâte et à regrets, leur pierre-esprit brisée ou derrière les lignes ennemies,tandis que d'autres ne pouvaient tout simplement pas repartir. Lyenendil faisait partie de ceux là, capturés, torturés, enfermés.Certains officiers humains espéraient vainement leur soutirer des informations, sans y parvenir, et se refusaient à les abattre touten les mutilant à chaque interrogatoire. Il aurait voulu mourir au combat, comme ses frères et sœurs et les héros d'antan, mais le destin en avait voulu autrement. Loin, très loin de son vaisseau-monde, de son temple et de son foyer, il se demanda ce que les prophètes penseraient de sa situation et du fil qui constituait son existence passée, présente et future dans le Grand Écheveau.


Lorsque le camp où il était retenu fut attaqué par l'envahisseur et que l'odeur de la défaite se mit à planer sur les lieux, il fut négligemment laissé derrière par ses geôliers. Les orks détruisirent la grande majorité du camp, et Lyenendil ne dut son salut qu'à un savant mélange de chance et d'incompétence de la part des artilleurs peaux-vertes. L'obus qui avait failli souffler le « centre de détention »l'ébranla suffisamment pour permettre aux prisonniers, humains comme xénos, de s'enfuir à toutes jambes en profitant des dégâts et dela panique générale. La quasi totalité d'entre eux fut cependant abattue dans la débandade, mais l'eldar survécu et, non sans de grandes difficultés, parvient à rallier une colonne de fuyards et de réfugiés en partance pour les centres d'évacuation.


Lyenendil était plutôt petit, pour un eldar, et d'amples vêtements suffisaient à rendre sa silhouette moins étrangère. Les blessures et la saleté faisaient le reste. Salongue chevelure, d'habitude tressée en une élégante natte, avait été complètement rasée, ses oreilles pointues et son visage racé étaient méconnaissables, la douleur constante et généralisée le faisait gémir et boiter à chaque pas. Il n'était plus un eldar,superbe et fier, ni plus un impitoyable scorpion dispensant la mort depuis les ombres. Il était un mort-vivant, en sursis, comme les milliers l'entourant, et il ressemblait à un homme.


Un nouveau tour de la pièce lui confirma que personne ne prêtait plus d'attention à lui qu'à tout les autres tant l'inconfort, la promiscuité et surtout la peur prenait le pas sur tout le reste. Divisés en de nombreux groupes, le flot de réfugiés se décantait progressivement sous la houlette de trop rares militaires chargés de gérer l'embarquement dans de grossières navettes de transport atmosphérique. La ligne de front était certes loin de cette ville, mais les détonations en parvenaient toujours très clairement et un sentiment d'urgence étreignait l'esprit de chacun. Une nouvelle navette décolla,quittant pesamment la piste de roc-béton brûlé. La prochaine serait pour lui, son groupe s’apprêtant à passer le point de contrôle monté par les gardes impériaux sur les flancs d'une chimère dont la tourelle pivotait régulièrement sur son axe à la manière d'un métronome. La rampe d'embarquement de l’aéronef s'abaissa lourdement à une trentaine de mètres des réfugiés,soulevant un nuage de poussière invasive. Lyenendil savait que monter à bords signifiait quitter un danger pour un autre, troquer les hordes d'orks sanguinaires contre la société humaine où il risquerait la mort tout aussi souvent que sur un champ de bataille...


Mais il n'était pas en état de combattre pour sa vie et son honneur, ni de mourir dignement, et encore moins de rejoindre les siens. Pour l'heure, l'eldar allait devoir errer, tel un spectre, jusqu'à ce que son heure revienne. Si elle revenait un jour.